Accompagner les familles monoparentales : moyens et enjeux de l’autonomisation de publics à la croisée des vulnérabilités
La question des effets de l’accompagnement social et tout particulièrement celle du rôle que jouent les personnes accompagnées dans la construction de leur parcours demeure relativement délaissée dans les travaux de recherche existants. C’est cette « part irréductible » de l’accompagnement que la Cnaf a souhaité mieux saisir, à travers un Appel à projet de recherche (APR) visant à « mieux comprendre ce que l’accompagnement par les travailleurs sociaux des Caf fait aux personnes ».
En réponse à cet APR, nous avons souhaité étudier le sens que revêt la notion d’autonomie dans l’accompagnement par les Caf d’une population – les familles monoparentales – qui cumule les désavantages sociaux et cristallise un certain nombre d’attendus normatifs (« autonomie », « bonne parentalité », « projet »). Ces normes générales s’entrecroisent avec des normes liées à la gestion de la diversité culturelle et aux relations entre groupes ethno‐raciaux, en même temps qu’avec des normes de genre et de classe.
Par‐delà les discours, comment ces nouvelles normes d’action sont‐elles mises en œuvre de façon concrète par les travailleurs sociaux dans le cas spécifique des familles monoparentales ? Comment sont‐elles perçues et intégrées par les familles accompagnées ? Dans quelle mesure ces attendus explicites ou implicites font‐ils l’objet de négociations entre les uns et les autres ? Que produisent‐ils sur la situation voire la trajectoire des familles ?
Cette interrogation s’est déployée à la fois sur les effets attendus – c’est‐à‐dire les cadres normatifs présidant à l’élaboration, à la formalisation et à la mise en œuvre de la relation d’accompagnement – et sur les effets réels, en mettant en œuvre un protocole d’étude longitudinale pour saisir les effets transformateurs de l’accompagnement sur certaines familles. L’étude réalisée s’appuie sur un dispositif empirique destiné à documenter ces effets. Recoupant de manière symétrique les perceptions et pratiques des accompagnants et des accompagnés, elle est largement inspirée par la « sociologie du guichet » qui consiste à étudier les rapports sociaux qui se développent dans et par les relations entre des administrations et leurs représentantes et les usagers.